Kyiv, Ukraine – 24 juillet 2025 — Suite à la plus grande vague de manifestations qu’ait connue l’Ukraine depuis l’invasion russe de 2022, le président Volodymyr Zelensky a annoncé son intention de soumettre un nouveau projet de loi anticorruption. Cette déclaration, faite le mercredi 23 ou jeudi 24 juillet, intervient après de vives critiques venues aussi bien de la société civile que de partenaires occidentaux clés de l’Ukraine.
La première loi, signée le 22 juillet, avait provoqué un tollé en raison de ses effets jugés délétères sur l’indépendance du Bureau national anticorruption (NABU) et du Parquet spécialisé anticorruption (SAPO). Elle avait déclenché des protestations dans plusieurs grandes villes ukrainiennes, notamment Kyiv, Lviv, Dnipro et Odessa.
Zelensky recule sous la pression populaire et internationale
Depuis Kyiv, le président Zelensky a reconnu l’importance du message envoyé par la population :
« Ce que dit la société n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. »
Il s’est engagé à proposer un nouveau texte législatif, censé corriger les éléments problématiques de la loi précédente. L’objectif : renforcer l’État de droit, rétablir la confiance du public et préserver le soutien politique et financier de l’Union européenne et des États-Unis, pour qui la lutte contre la corruption reste une condition essentielle à l’intégration européenne de l’Ukraine.
Réactions contrastées : entre satisfaction prudente et scepticisme persistant
Les agences anticorruption, NABU et SAPO, ont salué la décision du président, y voyant un signal encourageant pour l’indépendance institutionnelle. Mais du côté des manifestants et des organisations de la société civile, l’accueil a été plus réservé.
Si certains y voient une victoire partielle du mouvement de protestation, beaucoup restent sur leurs gardes. Ils attendent de voir le contenu concret du nouveau projet de loi, et redoutent qu’il ne s’agisse que d’une manœuvre politique pour calmer les esprits sans régler le problème de fond.
« Ce n’est pas le moment de relâcher la pression. Nous voulons des garanties, pas des promesses vides », a déclaré une activiste à Kyiv.
« L’indépendance des institutions ne peut pas être négociée. »
L’Occident attend des actes concrets
Du côté des partenaires internationaux, notamment l’UE et les États-Unis, l’annonce a été perçue positivement, mais avec prudence. Les diplomates occidentaux attendent désormais des actions claires, et non de simples déclarations d’intention.
Un représentant européen a déclaré sous couvert d’anonymat :
« La réforme judiciaire et la lutte contre la corruption sont des piliers du processus d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne. Nous voulons du concret. »
La mobilisation se transforme en surveillance citoyenne
Alors que les grandes manifestations des 22 et 23 juillet se sont pour l’instant calmées, l’attention se porte désormais sur la surveillance du processus législatif. Les citoyens exigent plus de transparence et appellent à une véritable consultation publique sur le contenu du futur texte.
L’annonce du président intervient après une série de réunions à huis clos avec les chefs du NABU et du SAPO. Ces discussions visent à désamorcer la crise politique sans affaiblir davantage la crédibilité des institutions ukrainiennes.
Dans un pays toujours en guerre, la société ukrainienne montre une exigence croissante en matière de démocratie, de redevabilité et d’intégrité publique. Reste à savoir si la nouvelle proposition présidentielle répondra réellement à ces attentes.
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