Liancourt à feu et à sang : l’exode s’amplifie, les gangs imposent leur loi

Commissariat de Liancourt ravagé par des membres du gang Grand Griffe basé à Savien
Commissariat de Liancourt ravagé par des membres du gang Grand Griffe basé à Savien

Au lendemain de l’attaque du commissariat incendié dans la nuit du 14 au 15 septembre, la commune de Liancourt, dans le Bas-Artibonite, est plongée dans un chaos total. Les gangs armés, identifiés comme membres du groupe Gran Grif de Savien, ont consolidé leur emprise, multipliant pillages, incendies et violences à l’échelle de la ville.

Les scènes décrites ce mardi 16 septembre ressemblent à un véritable scénario de guerre : maisons en flammes, tirs nourris, familles en fuite et cadavres dans les rues.

La population prise en otage

Selon des témoignages recueillis très tôt ce matin, aucune accalmie n’a été observée depuis le début de l’offensive. Les habitants parlent d’un “cauchemar sans fin”, alors que les bandits circulent librement dans les artères de la commune, incendiant des commerces, rançonnant et terrorisant les survivants.

“Pa gen espwa pou Lyankou ankò… tout bagay fini. Yo boule, yo piye, yo touye, yo vyole… tout moun k ap viv kouri,” déclare un riverain, les larmes aux yeux.

Des centaines de familles ont fui à pied vers Saint-Marc et d’autres localités voisines, transportant à la hâte quelques effets personnels, tandis que d’autres restent piégées, incapables de traverser les zones contrôlées par les assaillants.

Une police débordée et isolée

Des sources sécuritaires confirment que les policiers encore présents à Liancourt ont tenté de résister, mais faute de renforts, ils se voient contraints à battre en retraite. Selon les informations recueillies, deux chars blindés qui assuraient la défense de la zone devraient quitter Liancourt pour se repositionner à Saint-Marc, laissant ainsi la population entièrement exposée.

Un policier joint par téléphone résume la détresse des forces de l’ordre :

“Nou te fè tout sa nou kapab, men san bakòp, se misyon enposib. Yo kite nou lage ak pèp la.”

L’indignation contre l’État grandit

La colère monte contre l’État et ses autorités, accusés de n’avoir ni anticipé ni réagi face à une attaque d’une telle ampleur. Plusieurs voix locales parlent d’un abandon pur et simple du Bas-Artibonite, rappelant que Liancourt constitue une position stratégique pour la sécurité régionale.

Des organisations de défense des droits humains, déjà mobilisées hier, demandent une réaction immédiate des instances nationales et internationales afin d’éviter que la situation ne dégénère davantage.

Un Bas-Artibonite sous la menace

Avec la chute de Liancourt, la crainte est désormais que les autres communes de la région deviennent les prochaines cibles du gang Gran Grif. Les habitants de Payen, Estral, Bwakastra et Vilèt, déjà en alerte, redoutent d’être les prochains à subir le même sort.

À 10h15 ce mardi 16 septembre, les affrontements se poursuivent et les incendies continuent de ravager des quartiers entiers de Liancourt. La commune, jadis animée, est aujourd’hui une ville fantôme où résonne le fracas des armes et des cris de détresse.

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